ANCESTRAL, ÉTHIQUE : LA MODE EST UN ART 


8 avril 2025 - Gabrielle Mailhot-Côté est à la tête de Créations GAMA depuis 2021. Ces dernières années, la jeune cheffe d’entreprise a fait l’acquisition de plusieurs boutiques de fourrure et du cuir. Après avoir acheté les actifs de Spécialités André Morin Cuir et Fourrures elle a aussi acheté Fourrures Jodoin et filles et Les Fourrures Gilles Perron ainsi que le fonds de commerce de Dubarry Furs qui tient boutique au 206 rue Saint-Paul depuis 1975. Elizabeth Cordeau l’a rencontrée lors du dernier déjeuner de la rédaction qui s’est tenu à Montréal le mois dernier.

« Au début, je faisais surtout de la confection et des réparations, et aussi un peu d’entreposage en voûtes — la fourrure doit être gardée à basse température à un taux d’humidité précis pour bien se conserver. J’ai commencé à créer mes propres morceaux pour donner des idées à la clientèle qui me consultait pour du remodelage de manteau. » Si certains tiennent à conserver un manteau qui a une valeur sentimentale, d’autres les confient aussi aux bons soins des spécialistes qui savent travailler la matière.  « J’ai tout de suite vu une opportunité : c’est une matière naturelle et biodégradable qui résiste et qui est facilement transformable. Les vêtements de fourrure sont souvent transmis de génération en génération. » Aujourd’hui, Créations GAMA offre une ligne complète de vêtements prêt-à-porter, ligne qui continue de se diversifier année après année. On trouve même de jolis bijoux et pendentifs en vente sur designgama.com.

 

Toute la fourrure utilisée par Créations GAMA, tant pour les confections que pour les remodelages, est de la fourrure recyclée. La dimension éthique et écoresponsable est au cœur des priorités de l’entreprise. Quand le pouvoir d’achat baisse, les articles de seconde main ont des attraits insoupçonnés. Une avenue à ne pas négliger, alors que les détaillants qui portent les bannières de ce qui est communément appelé « fast fashion, » ferment ou se délocalisent. Tandis que les rues commerciales se dépeuplent au Québec, les consommateurs sont aussi sensibilisés à la juste valeur d’un article de vêtement, donc la fonction principale a parfois perdu son sens avec des collections rapides, les unes plus inventives que les autres, dans les grandes chaînes comme Zara ou H&M. Par-delà les tendances, les accessoires et vêtements avec de la fourrure sont aussi dans les goûts de certaines clientèles européennes plus âgées et nanties. Et le commerce de la fourrure a été l’un des premiers piliers du développement économique au Canada. Car la confection qui repose sur des matières ancestrales requiert un savoir-faire traditionnel. Pour Gabrielle, ça fait partie de l’histoire. La cheffe d’entreprise travaille avec des stagiaires pour leur transmettre le métier. L’an dernier, Gabrielle a été invitée à présenter ses collections à l’hôtel Pullman de Cannes, à l’occasion du défilé organisé par une agence qui cherche à faire découvrir des jeunes talents dans le domaine de la mode et de l’art. « C’est très difficile de percer la haute couture. Mais, rien n’empêche qu’un designer reconnu vienne me chercher pour une collaboration. C’est super stimulant comme avenue créative. » 


 
Sylvie Lemieux